Paul Chiasson Archives La Presse canadienne Un rĂ©seau de surface est susceptible dâoffrir des temps de parcours avantageux et un meilleur confort aux passagers, ajoute Jean-François Lefebvre. Jeanne Corriveau 15 h 49
Transports / Urbanisme
Des experts, appuyĂ©s par un groupe citoyen, suggĂšrent de doter lâest de MontrĂ©al dâun rĂ©seau de tramway et dâamĂ©liorer le service de trains de banlieue vers Laval et la couronne nord.
Cette proposition, dĂ©voilĂ©e mardi, aurait lâavantage dâoffrir un service de transport efficace Ă un bien moindre coĂ»tï»ż que le Projet de transport structurant (PSE) en souterrain â autrefois connu sous le nom de REM de lâEst â avancĂ© par lâAutoritĂ© rĂ©gionale de transport mĂ©tropolitain (ARTM) au coĂ»t de 36 milliards de dollars, soulignent-ils.
La proposition prĂ©sentĂ©e mardi en confĂ©rence de presse est le fruit dâune collaboration entre plusieurs experts, parmi lesquels Jean-François Lefebvre, chargĂ© de cours au dĂ©partement dâĂ©tudes urbaines et touristiques de lâUQAM, et Denis Allard, prĂ©sident du Fonds mondial du patrimoine ferroviaire, avec lâappui du Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E).
Le projet suggĂšre notamment lâimplantation dâun rĂ©seau de tramway de surface de 37,4 kilomĂštres en forme de fer Ă cheval qui relierait le collĂšge Marie-Victorin Ă la gare de Pointe-aux-Trembles, dans lâest de lâĂźle de MontrĂ©al.
Le coĂ»t de ce rĂ©seau, qui pourrait ĂȘtre dotĂ© de 53 stations, est estimĂ© Ă environ 4 milliards de dollars, contre 22,8 milliards pour le PSE de lâARTM en souterrain pour le mĂȘme territoire, avancent les chercheurs.
Ă ce rĂ©seau initial pourrait sâajouter un nouveau service de train de banlieue, celui de Laval-Est sur 21 kilomĂštres. Cette nouvelle ligne partirait de Mascouche pour se rendre Ă Terrebonne, avant de desservir le quartier Saint-François, Ă Laval, et se connecter au SRB Pie-IX. De son cĂŽtĂ©, le service de lâactuel train de lâEst pourrait ĂȘtre modifiĂ© pour sâĂ©tendre jusquâĂ Le Gardeur, LâAssomption et LâĂpiphanie. Photo: Rapport PSE Le train de Laval-Est, connectĂ© au mĂ©tro, au SRB et au tram de lâEst
Le coût total de ces trois volets pourrait atteindre 5 milliards de dollars, indique-t-on. Mandat trop restreint
Le CEM-E estime que lâARTM sâest fait imposer par QuĂ©bec un mandat trop restreint qui ne lui a pas permis dâĂ©tudier dâautres scĂ©narios que le train automatisĂ© utilisĂ© par CDPQ Infra pour le RĂ©seau express mĂ©tropolitain (REM). Il rĂ©clame donc que lâorganisme de transport puisse Ă©valuer diffĂ©rents modes. « Avant de dĂ©penser des dizaines de milliards de dollars, il faut sâassurer quâon dĂ©pense lâargent au bon endroit et de la bonne façon », estime Raymond Moquin, prĂ©sident du Collectif.
Ă ce sujet, lâARTM indique avoir Ă©crit au ministĂšre des Transports et de la MobilitĂ© durable le 14 aoĂ»t dernier afin de demander que la portĂ©e de son mandat soit Ă©largie, ce qui lui permettrait dâĂ©valuer diffĂ©rents modes de transport pour lâEst. « Les discussions se poursuivent », a indiquĂ© Simon Charbonneau, directeur des communications de lâARTM.
Si lâARTM devait Ă©tudier lâoption du tramway, il pourrait sâagir dâune solution complĂ©mentaire Ă un train lĂ©ger, a-t-il prĂ©cisĂ©.
Reste que pour les experts qui prĂŽnent lâoption du tramway, il sâagit lĂ de la solution la plus appropriĂ©e pour lâest de MontrĂ©al. « Chaque dollar investi dans le rĂ©seau de tramways et trains-trams permet dâamĂ©nager dix fois plus de kilomĂštres de lignes et jusquâĂ 17 fois plus de stations quâun mĂ©tro ou un mĂ©tro automatique lĂ©ger », soulignent les auteurs du rapport rendu public mardi.
Ă titre de comparaison, le prolongement de la ligne bleue du mĂ©tro avec ses cinq stations coĂ»tera 6,5 milliards de dollars alors quâavec le mĂȘme montant, il serait possible de rĂ©aliser un rĂ©seau de surface de 58 kilomĂštres et 84 stations. Temps de parcours comparĂ©s
Jean-François Lefebvre souligne que son Ă©quipe a rĂ©alisĂ© une quarantaine de simulations pour lâEst, MontrĂ©al-Nord et RiviĂšre-des-Prairies afin de comparer la performance du tramway avec celle dâautres modes. Ainsi, les chercheurs ont conclu, le tramway rĂ©duit significativement le temps de parcours comparĂ© Ă lâautobus et il est plus efficace que le REM 9 fois sur 10. « On estime quâon pourrait aller Ă 37 km/h dans un rĂ©seau de surface, ce qui est Ă peu prĂšs Ă©quivalent Ă ce qui est proposĂ© par la Caisse [pour son REM] », a-t-il expliquĂ©.
Un rĂ©seau de surface est avantageux car le nombre de stations est plus important, souligne pour sa part Daniel Chartier, vice-prĂ©sident du CEM-E. « Câest moins la vitesse de pointe qui compte que le temps global des dĂ©placements porte-Ă -porte, entre le point dâorigine et la destination. »
Lâaspect du confort des passagers nâest pas Ă nĂ©gliger, signale par ailleurs Jean-François Lefebvre. « Avec le REM, on parle vraiment dâune classe sardine avec 15 % des usagers qui seraient assis en pĂ©riode de pointe alors quâavec le tram, on arrive Ă 45 % de places assises », a-t-il dit.
Il y a dix jours, la mairesse ValĂ©rie Plante avait accueilli avec peu dâenthousiasme lâidĂ©e dâun tramway pour remplacer le PSE : « Jâaime les tramways, notre Ă©quipe aime les tramways. Mais il ne faut pas oublier que câest un mode de transport plus lent. Ăa remplit dâautres fonctions », avait-elle dĂ©clarĂ©.
Exactement, ça prend des voies réservées au moins.
Le REM est peut-ĂȘtre lent, mais il ne reste pas coincĂ© dans le traffic Ă lâheure de pointe. De plus, construire en hauteur semble moins couteux quâune construction sous terre.
Par contre, jâajouterai quâil faudrait aussi repenser les dĂ©placements. Câest plus Ă©nergivore devoir se dĂ©placer au centre-ville pour le travail, que de travailler dans la ville ou le quartier quâon habite.